Re : Venez donc contrepéter ici
Bonsoir
Pour les costauds, voici un texte avec 44 contrepèteries à trouver :
Assis en face de la poutre, rêveur, je me souviens de Bertille. Le camp de vacances, Toulouse, nos escapades à Barcelone. Je me rappellerai toujours ce coup de foudre sur l’étang, des images en cascade comme autant de souvenirs, les bidons sur le quai, des piles de boites en tout genre, la mousse d’un blanc rosâtre qui recouvrait la Garonne non loin, les gargottes sur la berge où des vendeuses pétillantes proposaient quelques fripes.
Je m’en souviens comme si c’était hier, on sentait une forte odeur de marron en s’approchant du quai. Elle me dit alors qu’elle voulait plonger, là, maintenant, tout de suite, avec palmes et tubas. Je me souviens qu’elle a dit : « J’aime au sortir du camp une longue pêche sous-marine »… Quelle éloquence ! J’hésitai à dévoiler mon but devant tant de candeur. Mais déjà cette attirance me faisait balbutier. Je lui dis que c’était interdit la plongée, qu’on pouvait pas, que des gens allaient nous surprendre, je déplorais la foule, le tout était trop confus. « Boude pas, c’est pas ton genre », me dit-elle, et cache moi cette lampe que je puisse guetter tranquillement !
Elle était magnifique et je voulus lui caresser les cheveux, mais certaines femmes se sentent souillées au contact des mains. Bertille en était. Vexé, je gémis sans lutter. Bah oui, moi je suis un gentil, je suis un tendre, et bien souvent la lutte me dépasse.
En amour, pour parvenir au but, il faut beaucoup de courage. Je lui proposai alors un fabuleux voyage ; ça rime, bah oui. Une auberge très romantique dans la Sarthe, que je connaissais d’avant. Pas mal ! Pas mal ! Le trajet s’est très bien passé, on a fait la route sans aucune ombre au tableau, on se regardait de temps en temps, comme ça dans le blanc des yeux. Mais au bout d’un moment, la route vers Le Mans lui dessécha la glotte. Il était temps de se restaurer.
A peine on arrive dans la petite auberge du bonheur dans la Sarthe que le tenancier se met devant la porte et me dit : « c’est à l’ami que j’offre mon vin, et goutte moi donc vite fait cette fine appellation ! ». Sympa, bon accueil, bon esprit ! Il faut être peu pour bien diner. Et nous étions bien. On a pris de la tourte aux cailles. Je me suis éclaté la panse en dinant. « Ahh, ce coup de blanc me grise », m’avoua-t-elle rapidement.
Les femmes ont dans la peau un grain de fantaisie, et quand leurs joues semblent cuire, qu’on observe discrètement leurs mutations félines, on peut alors voir au fond de leurs yeux comme des pierres fines. Majestueuses et dangereuses. A cet instant elle est offerte, je connais mon dû.
Les rites sont un bien nécessaire, et je savais que nous allions rapidement nous lasser. Dès le lendemain, je la trouvais laide et sale. S’être abandonnée à moi était une preuve de sa faiblesse. Elle était là, avec son chewing-gum, à me regarder, elle mastiquait, la sotte !
Mon envie de révolte reprit le dessus. Je la regardai droit dans les yeux : « Bertille, je t’emboiterai le pas avec conscience, mais si tu me déçois, je te jette à la rue ».
« C’est ta peine qui te mine, je le sais », me dit-elle, mais je sentais qu’au fond d’elle-même, elle se demandait plutôt « mais qu’est-ce qu’il trame ce sadique ? ».
Je la quittai en bafouillant. Fin de Bertille.
Après ça, je courus n’importe où, ivre de plaisir et d’alcool, de cette solitude enfin retrouvée. Je cuvais quand les flics m’ont emballé. Visiblement, j’avais débranché et m’était laisser couler. Je m’étais même vomi dessus. « Essuie ça vite et bien ! », me dit l’adjudant en me tenant un chiffon. Je peux dire que j’étais dans le tracas jusqu’au coup… Ne sachant plus qui j’étais, avec l’impression d’avoir des puces dans le coup tant le mitard était sale, je me mis à danser comme un ballot.
L’adjudant ne riait plus, mais alors plus du tout. Je peux même dire qu’il bascula soudainement sur le terrain de l’enquête. Mon comportement l’incitait à trouver une solution rapide à cette situation désagréable… Heureusement, Bertille est arrivée. Et oui Bertille que je venais de jeter comme une malpropre. Je vais vous dire, même s’il n’y a pas de contrepèterie pour la fin de l’histoire, et bien il y a beaucoup d’amour. Beaucoup d’amour ! Respect pour Bertille…
Promis, demain ou en début de semaine (il faut bien laisser un peu de temps pour les trouver) le même textes mais avec les aides